Le regard du coach (Jérôme Dutot)
- Jérôme Dutot
- 8 janv.
- 4 min de lecture
La Mission LINICE, ça commence un peu comme dans un épisode de mission impossible :
« Salut Jérôme, pourrais-tu m’accompagner et m’entraîner pour un projet sportif ?
Bien sûr Léon ! Tu peux m’en dire plus ?
C’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur : parcourir 1400 km pour soutenir l’association « les enfants de la balle » qui œuvre en faveur de l’inclusion par le sport.
Aucun problème, et ces 1400 km tu les étales sur combien de mois ?
On va dire que je les étale sur plusieurs jours.
Ah ! Tu fais ça à vélo !
Non, en courant. »
Une blague ? Léon est devenu fou ?
Il est souvent fait mauvais usage du mot « défi », trimballé à droite, à gauche, au gré des événements sportifs ; un terme galvaudé.
Léon, lui, redonne tout son sens à ce vocable : une envie de relever un objectif qui va lui demander d'y consacrer un minimum de temps, d’énergie, de mental, d'audace mais aussi de neurones et d’esprit ; se défier lui-même. Il serait facile à Léon de dire que participer à ce défi suffirait à faire apparaître chez lui des valeurs ; quelque chose de trop performatif ici. Dire les "valeurs du sport" ne suffit pas pour en faire naître.
Certes, le sport peut transmettre des valeurs, en faire la démonstration, mais ce seront toujours celles de ses pratiquants qui seront en jeu, pas les siennes propres.
Et se lancer un tel défi c’est l’occasion d’un échange, d’une confrontation de ses propres valeurs, le tout exacerbé par le lâcher-prise que provoque l'effort.
On le voit bien, cette épreuve est singulière : seul sur la ligne de départ, Léon est pourtant loin d’être seul dans cette aventure.
Bien qu’il soit le seul à courir les 1400 km de bout en bout, il pourra compter sur un groupe d’amis présents dans un van pour le soutenir tout au long du parcours. Certains partageront même quelques étapes avec lui.
Au départ, ils seront nombreux pour l’encourager, et à l’arrivée également. De plus, Léon a prévu de proposer aux entreprises partenaires et à ceux qui suivent le projet sur les réseaux sociaux de le rejoindre pour courir certaines étapes en relais ou entièrement.
Cette mission, qui pourrait paraître très solitaire, est en réalité une aventure collective, un défi partagé et un moment de rassemblement autour de valeurs humaines et sportives.
Comment préparer une course de cette envergure ? Avouons-le, ça nous donne des sueurs froides. Même si j’accompagne des sportifs de haut niveau, nous sommes ici dans un autre cadre, voire nous sommes hors cadre que ce soit sur la distance, le rythme, la durée, les conditions environnementales…
Préparer Léon pour LINICE n’a rien à voir avec la préparation d’un marathon ou même d’un ultra, il n’y a pas de références que ce soit en termes de volume, de renforcement orienté et spécifique, nous serons dans de l’empirique.
Certes, le rythme sera modéré, mais la durée d’effort sera telle qu’un accent sera mis sur la récupération et la gestion des charges, tout est dans le dosage. Ne pas s’entraîner assez peut apporter autant de blessures que de trop s’entraîner. Une fatigue peut être profitable et être une résultante d’une adaptation ; ce type d’épreuve est intéressant d’un point de vue psychologique, de la liaison corps et esprit, comment pendant les étapes mettre à distance les pépins qui viendront occuper l’esprit, comment le corps va réagir au poids psy de l’épreuve au fil des jours.
Pendant la préparation, il est important d’alléger Léon, non pas en termes de kilométrage mais en termes de données et d’informations encombrantes. Son sac à dos est déjà assez lourd entre les cours, la préparation du projet et les autres activités ; sa charge mentale se doit d’être allégée au maximum, et se concentrer essentiellement sur les séances, sa récupération (sommeil, hydratation, protocoles spécifiques en fonction des cycles…). L’entraîneur n’est pas là pour le former en physiologie de l’effort, en anatomie, en programmation, en planification, en périodisation ; là n’est pas son rôle, il est là pour l’entraîner et lui dire quoi faire, éventuellement comment si besoin.
La communication est importante dans la relation entraîneur-entraîné, sous toutes les formes et tous les canaux ; avec un point important : la confiance réciproque.
Et la veille du départ ? Ne nous le cachons pas, tout se chamboulera dans la tête de Léon. La dernière nuit sera hachée, en pointillé, accouchant d’une fatigue et de questions encore sans réponses, mais tout ce qui aura été fait : la préparation athlétique, la gestion alimentaire et matérielle... auront posé l’essentiel de la préparation mentale dans l’inconscient de Léon.
De formation universitaire (STAPS Rouen, SUAPS Besançon et ULB - Bruxelles),
je suis spécialiste de la préparation physique, de l’entraînement et du coaching sportif et de l'évaluation de la performance. J'accompagne les sportifs de haut niveau dans une approche globale qui s'attache aux potentiels et au quotidien.Cela consiste à considérer non seulement leur pratique sportive mais aussi leur manière de vivre et leur style de vie ; autrement dit eux en tant qu'athlètes et eux en tant que personnes.Chaque rencontre est, au-delà de la pratique elle-même, un échange qui permet de personnaliser au mieux le suivi sportif.
Et pour accompagner au mieux leur carrière, je leur propose des séances d’hypnose, ceci non seulement dans un objectif de performance mais aussi de gestion du stress, de relaxation et de bien-être.
Personnellement, j’ai couru quelques courses : marathon des sables (260 km Sahara marocain), Transcal (Trail inter, Nouvelle-Calédonie), Trail des cagous (Trail inter, NC), Gigawatts (Trail inter, NC), marathons (Berlin, Paris, Rotterdam, Londres…),…J’ai pratiqué principalement les disciplines suivantes : cyclisme, boxe anglaise, escrime, athlétisme, handball.
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